Robustesse : Saint Paul La Coste

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Nous menons depuis 2022 une démarche destinée à éprouver la robustesse d’une communauté humaine exposée à plusieurs fragilités. Cette démarche vise à développer une solidarité socio-écologique au sein des territoires ruraux mais aussi entre le rural et l’urbain en écho aux principes de Santé commune. Nous avons choisi d’ancrer notre action dans une commune des Cévennes de l’agglomération d’Alès (Saint Paul La Coste, 311 habitants), confrontée à des
problématiques que l’on retrouve fréquemment dans les territoires ruraux :

 La démographie s’est fortement réduite au cours des 150 dernières années (877 habitants en 1851 contre 311 en 2020), avec quand même une croissance douce depuis son point le plus bas en 1982 (172)

 Le tissu social s’abîme du fait de représentations divergentes des usages du rural entre différentes catégories d’habitants (chasseurs, « pink floyd », « bour-bourg », néo-ruraux...).

 La vie sociale tend à se réduire à mesure que ceux qui s’en occupaient vieillissent : le sentiment dominant est celui d’un repli sur soi, les fêtes et autres événements se raréfient...

 L’habitat, très dispersé, est séparé en deux secteurs distants l’un de l’autre de 25 mn de voiture (village à 300 ou 400 m d’altitude et village de la vallée près de la rivière)

 Les activités commerçantes peinent à voir le jour faute de flux suffisants, le pointrelais multi-services ferme en 2019.

 Le village est considéré par les habitants comme un village-dortoir : on travaille à Cendras, Alès… et on rentre dormir le soir. Les temps de parcours sont parfois aussi longs entre deux hameaux que pour se rendre à Alès.

 Le nombre de résidences secondaires a augmenté de 30% ces 15 dernières années.

 L’été, les rivières subissent la pression touristique.

 Il n’y pas de territoire constructible en raison des espaces classés en zone violette (zones incendiables), créant une pression financière sur l’immobilier disponible.

 Le relief rend difficile l’exploitation agricole des terres, difficulté accentuée par l’abandon des cultures en terrasse (faïsses) l’absence de leur entretien et l’envahissement des pins.

 Le dérèglement climatique exerce une pression sur l’eau et le risque incendie, susceptibles de s’aggraver dans les années qui viennent.

La Municipalité élue en 2020 a impulsé une trajectoire autour de la revalorisation du vivant dans toutes ses dimensions : revitalisation de l’écosystème, soutien de projets circulaires, pouvoir d’agir donné aux citoyens, développement des communs, primauté donnée aux liens…

Dès le début de son mandat, elle s’est attachée à nouer des partenariats avec les villages et associations de la Vallée du Galeizon, et à tisser des réseaux pour développer de nouveaux usages adaptés à la ruralité. Elle s’est notamment orientée sur les producteurs locaux, la gestion de la forêt, les activités agricoles, les services paramédicaux et sociaux, la vie sociale, les manifestations culturelles etc. à l’échelle de la Vallée ou d’un secteur présentant les mêmes caractéristiques et problématiques.

La mise en place d’une concertation avec les habitants et les élus en 2022/2023 a permis de dégager des pistes autour de cinq enjeux : l’agriculture, la consommation, la vie citoyenne, les infrastructures et le patrimoine. Ces pistes ont fait l’objet d’une exposition sur la place du village fin mai 2023 en vue de créer une dynamique au bénéfice de la fabrication de biens communs.

Cette dynamique est en train de se cristalliser à travers la création d’un tiers-lieu qui, dans l’esprit d’un bien commun, est gouverné par un collectif réunissant quatre collèges : les associations, les élus, les institutions et les citoyens.

Des actions sont en cours pour tester leur viabilité. Les projets plus ambitieux (ouverture des milieux naturels fermés, débroussaillage, restauration du patrimoine, évolution des bâtiments publics…) font l’objet de dossiers de demande de financement.

Il s’agit à présent, à travers un laboratoire expérimental en création, d’accueillir des chercheurs, doctorants et post-doc, des experts, des professionnels et des volontaires souhaitant explorer, comprendre, enrichir et soutenir à leur façon l’accompagnement des transitions sociétales et l’émergence de nouveaux usages et de coopérations en ruralité.

Les modalités de cette coopération, sur le fond comme sur la forme, sont elles-mêmes à expérimenter !

Article publié ou modifié le

27 janvier 2025