Sciences et machines : une généalogie conceptuelle de la grande accélération

Nous sommes embarqués dans la grande accélération, qui menace aujourd’hui l’existence de la population humaine globale. Nous tenterons un parallèle entre les logiques des révolutions scientifique et industrielle, qui mettent en place des circuits longs pour, respectivement, expliquer ou métaboliser le monde. La grande accélération serait alors produite par la synergie entre sciences expérimentales et industrie, menant à la création de boucles de rétroaction positive stables permettant d’aspirer et contrôler le monde.

Cours 1/6 : Généalogie conceptuelle de la grande accélération

– Yves Gingras, What did mathematics do to physics ? Hist Sci, 2001 (https://archipel.uqam.ca/443/1/gingras-mathematics.pdf)
– François Jullien, L’invention de l’idéal, 2000
– John Dewey, La quête de certitude, 1929

Cours 2/6 : La révolution scientifique, Galilée / Newton

– Patrick Carroll-Burke, Tools, instruments and engines : Getting a handle on the specificity of engine science ; Social Studies Of Science, 2001 (http://www7.uc.cl/sw_educ/educacion/grecia/plano/html/pdfs/linea_investigacion/Otros_IOT/IOT_071.pdf)
– Joel Mokyr, Accounting for the Industrial Revolution, Cambridge Histories Online, 2013 + La culture de la croissance. Les origines de l’économie moderne, 2020
– Andy Pickering, The Mangle of Practice, 1995

Cours 3/6 : Engine science, control and industrial revolutions (1)

– The Rise of the West—or Not ? A Revision to Socio-economic History, Jack A. Goldstone, Sociological Theory 18:2 July 2000
– James Beniger, The control revolution, 1986
– William Cronon, Nature’s Metropolis, 1991

Cours 4/6 : Engine science, control and industrial revolutions (2)

– Christophe Bonneuil, Pure lines as industrial simulacra, MIT Press, 2016
– Karl Polanyi, La grande transformation, 1944
– Pablo Jensen, Deep Earnings, C&F Editions, 2021
– Manifeste accélérationniste, Nick Land / Yves Citton
– Les Vues de l’Esprit, Bruno Latour (https://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1987_num_5_27_1322)

Cours 5/6 : Circuits longs

– Andy Pickering, Acting with the world, 2022
– Bruno Latour, La Science en Action, 1986 ; Où atterir ? 2017
– Isabelle Stengers, L’irruption de gaïa, 2013 ; Une autre science est possible (2019)
– Sheila Jasanoff, New Modernities : Reimagining Science, Technology and Development 2002
– Frédérique Apffel Marglin, Development or decolonization in the Andes ? Futures 1995
Cours 6/6 : Refonder les sciences expérimentales ?

Présentation générale du cours

Nous sommes embarqués dans la grande accélération, qui menace aujourd’hui l’existence de la population humaine globale. Nous tenterons un parallèle entre les logiques des révolutions scientifique et industrielle, qui mettent en place des circuits longs pour, respectivement, expliquer ou métaboliser le monde. La grande accélération serait alors produite par la synergie entre sciences expérimentales et industrie, menant à la création de boucles de rétroaction positive stables permettant d’aspirer et contrôler le monde. Première séance du cours du physicien Pablo Jensen (Ecole normale supérieure de Lyon).

Nous commencerons par analyser la logique des premières étapes de la révolution scientifique (Galilée, Newton...) en les reliant à celles de la révolution industrielle, grâce notamment à l’idée de "Engine Science" (Caroll-Burke, 2001). Nous nous demanderons ensuite, de manière plus générale, ce qu’on gagne et ce qu’on perd lorsqu’on passe d’un circuit court à un circuit long : quand on fait un détour par un laboratoire ou un centre de calcul pour maîtriser un phénomène ou quand on bâtit une usine de production de masse au lieu d’engendrer ses ressources localement.

Nous conclurons l’exploration de ce parallèle entre sciences et machines en nous interrogeant sur la nécessité de refonder les sciences expérimentales pour les rendre « Terrestres ».

Biographie de Pablo Jensen

Pablo Jensen est chercheur au CNRS, membre du laboratoire de physique de l’ENS de Lyon et de l’Institut des Systèmes Complexes. Après avoir modélisé la matière, il se consacre depuis une vingtaine d’années à la modélisation des systèmes sociaux, notamment sur les questions épistémologiques et politiques qu’elle soulève. Préoccupé par la profonde mutation écologique, il a co-fondé la Fabrique des Questions Simples (simple-question.org). Il est notamment l’auteur de Des atomes dans mon café crème (Seuil, 2001), Pourquoi la société ne se laisse pas mettre en équations (Seuil, 2018) et Deep Earnings. Le néolibéralisme au coeur des réseaux de neurones (C&F Editions, 2021).