Dérèglement physico-chimique global - le défi
Ce dossier engage le débat sur la place qu’il faut accorder à la pollution globale dans les agendas politiques, économiques, diplomatiques et scientifiques afin de déterminer les priorités sociétales, les enjeux, les solutions et les ressources qui restent à mobiliser pour faire face à ce défis hors-norme.
La perception des pollutions physico-chimiques dans leur ensemble (eau, sols, air) est plus directe et plus généralisée que les effets du climat. Ceci correspond à une exposition chronique de tous les êtres vivants à des méga-cocktails de produits chimiques dont la composition change avec l’espace-temps. Ainsi, vivons-nous en intimité (à table, au travail, à l’école, en vacances, etc) avec des antibiotiques, des pesticides et des herbicides, des perturbateurs endocriniens, sans oublier des matières plastiques et des métaux lourds. S’ajoute à cela les cocktails chimiques naturels présents dans l’environnement.
La caractéristique principale de cet ensemble est la nature insidieuse des risques qu’il comporte : on parle de risques lents, systémiques pour la santé des personnes et des milieux naturels. C’est ainsi que, pour le moment, le défi physico-chimique dépasse largement le défi climatique, tout en l’accentuant. A cet égard, il faut avoir à l’esprit que l’Europe, qui est le continent le plus engagé dans la détection des effets négatifs de la chimie, en particulier avec le principe d’analyse systématique des substances chimiques utilisées (REACH), laisse de côté les risques liés à la conjonction de ces substances ("l’effet cocktail").
Cette exposition permanente au dérèglement physico-chimique et ses cocktails, dont les effets ne seront jamais mesurés et compris proprement, reste donc très largement ignorée et inexploitée bien qu’elle soumette en temps réel le vivant, populations humaines comprises, à la sélection naturelle (désordres du développement, stérilité, cancers et mortalité, mais aussi adaptations et mutations génétiques).
Cette opération de grande envergure portée par nos sociétés extractivistes (sur-extraction, -production, -consommation), renforcée par le lobbying de multiples industries (dont l’agriculture industrielle), est largement supportée par les dépenses de santé publique. Le rapport de la Commission The Lancet-Université d’Oslo (2014, The Lancet 383, pp630-667) identifie les déterminants politiques à l’origine des problèmes de santé publique mondiale qui en résultent : des intérêts économiques et politiques puissants, les asymétries de pouvoir du point de vue institutionnel, structurel et économique couplés à des systèmes de normes qui produisent inertie et résistance au changement, le manque de transparence et de responsabilité.
- Le plan national santé environnement (PNSE3) 2015-2019
- Climate scenario 2018
- Métaux et terres rares - La face cachée de la transition énergétique
- R77 : Perturbation endocrinienne et biodiversité, par Barbara Demeneix
- Terms of Reference and Composition of the GCO-II Steering Committee
- Planetary Health Watch : integrated monitoring in the Anthropocene epoch
- Acting on NCDs : counting the cost
- Pesticides Cartographie de la consommation française
- PNSE 3 - Rapport de suivi 2016
- Strategic Approach to International Chemicals management - 2015
- UN experts draw closer on second Global Chemicals Outlook
- UNEP - Global Chemical Outlook
- Sols toxiques dans les villes américaines
- Chemicals and wellness index
- True Cost of Food Nourished Planet 2018
- The Global Chemicals Outlook II : From Legacies to Innovative Solutions : – Implementing the 2030 Agenda for Sustainable Development, 2019
https://wedocs.unep.org/bitstream/handle/20.500.11822/27651/GCOII_synth.pdf?sequence=1&isAllowed=y - Le rapport 2019 sur l’environnement en France
https://ree.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/9782111570573_lenvironnementenfrance_edition2019_rapportdesynthese_v24_web_light.pdf
28 novembre 2018