Transition 4 - l’économie dans les bio- et socio-sphères
2. Faire rentrer l’économie dans les bio- et socio-sphères.
La société de consommation occidentale, dont l’essor de ses flux quantitatifs affecte tous les secteurs d’activités humaines, apparaît à travers notre regard comme une brève parenthèse dans notre évolution.
2.1 Consommation, forçages socio-écosystémiques, enjeux démographiques
La surconsommation, tout comme le ressenti d’un « droit naturel à l’abondance », et un mélange de volonté, de différentiation sociale, de rivalité mimétique et de libération individuelle (Baudrillard, 1970 ; Reich, 2007), sont à l’origine d’une aliénation par le travail, d’inégalités accrues et d’une dégradation des rapports sociaux.
Actuellement, 38 % de la production primaire planétaire sont utilisés par les activités et les besoins de 7 milliards d’êtres humains. Parmi les 62 % restants, seulement 10 % sont exploitables, car la régénération et la résilience des fonctions et services écosystémiques, dont fait partie la diversité biologique, consomment au moins la moitié de cette production primaire (Running, 2102 ; Barnosky et al, 2012). Plus de 8 milliards d’habitants sur la planète sont attendus d’ici 2030, ce qui aura pour conséquence d’augmenter les besoins en eau et en nourriture de 35 et 40 % respectivement (Global Trends 2012, www.dni.gov/nic/globaltrends).
En conséquence, satisfaire les besoins vitaux des générations actuelles et à venir, tout en préservant les fonctions et les services des écosystèmes, semble irréalisable si les modèles de développement économique restent inchangés. Les pays les plus pauvres seront les premiers touchés par cette diminution des ressources alimentaires et en eau. En 2050, il est prévu que même les pays développés ne seront plus à l’abri de pénuries (Brown, 2014). Ainsi, les tensions pour l’utilisation des ressources naturelles seront plus que jamais exacerbées (par exemple, les conflits liés à l’eau et l’accaparement des terres ; Adams et al, 2003).
Le fait que la Terre ne puisse supporter l’augmentation de la consommation par habitant couplée à la croissance démographique fait aujourd’hui consensus. Tant que nous sommes dans une situation de dépassement écologique, la Terre peut être considérée comme surpeuplée (Brown, 2008). La maîtrise de la démographie, de la consommation et du réajustement des ressources sont donc des enjeux majeurs pour la transition écologique. L’agencement de nos villes, de nos modes de production d’énergies, de nourriture etc., doivent être repensés pour arriver à une consommation globale ne dépassant pas les seuils d’autosuffisance.
Les Nations Unies ont rappelé, lors de la conférence de Copenhague en 2009, qu’il était primordial de réduire la population de manière importante pour faire face à ces multiples enjeux. Mais, à notre avis, il faudra surtout lutter contre les inégalités, qu’elles soient alimentaires, sanitaires, sociales ou écologiques.
Extrait de "Pour une démocratie socio-environnementale : cadre pour une plate-forme participative « transition écologique"
Les auteurs : Clappe et al, 2014
In : Penser une démocratie alimentaire / Thinking a food democracy, vol2, Collart Dutilleul F, Bréger T (Eds.), Inida SA, San José,pp 87-112
15 septembre 2014