Transition 9 - Intelligence territoriale : où es-tu ?

3.3 Intelligence territoriale : où es-tu ?

La transition nécessite des politiques territoriales assurant une cohérence aux niveaux local et global. Cette "intelligence territoriale" correspond aux processus permettant "d’acquérir une meilleure connaissance du territoire", "d’agir de façon pertinente et efficiente", de "projeter, définir, animer et évaluer les politiques et les actions de développement territorial durable" et "de mieux maîtriser son développement" (http://www.collaboratif-info.fr/chronique/quest-ce-que-lintelligence-territoriale).
Il est à noter que "l’appropriation des technologies de l’information et de la communication, et de l’information elle-même, est une étape indispensable". Or, ce n’est pas ce que l’on observe : les villes autant que les campagnes développent des interactions globales, mondiales et généralisées plutôt que ciblées et orientées au niveau régional ou local (Seitzinger et al, 2012). De cette réorientation de l’utilisation territoriale découlent alors des problèmes environnementaux, sociaux ou économiques (Seto et al, 2011), mais aussi géopolitiques. L’urbanisation accélérée du monde, doublée par la pauvreté (Ravillon, 2007), apparaît plutôt comme une « bidonvillisation » du monde.

Force est de constater que la dimension territoriale de la transition pose l’un des problèmes les plus critiques au développement durable, tel un talon d’Achille.

3.4 Aspects financiers : le crédit plutôt que l’impôt

Afin d’engager des changements stratégiques, l’argent recouvre un potentiel d’initiative et de déploiement quasi absolu, permettant d’agir sur des laps de temps très courts. En effet, il peut (ré)orienter la part des richesses crées à partir du capital économique, humain, social ou naturel. Les aspects financiers passent, par exemple, par :

  • la fiscalité écologique qui permet d’intégrer aux marchés financiers les externalités négatives (dont la pollution), modifiant ainsi les comportements les plus polluants au profit d’alternatives ayant une empreinte environnementale plus faible ;
  • la réforme des aides publiques qui favorisent les comportements polluants. Dans un rapport publié en 2012, le Centre d’Analyse stratégique listait les "aides publiques dommageables à la biodiversité" : celles favorisant la destruction et la dégradation des habitats, la surexploitation des ressources naturelles, la pollution, ou l’introduction d’espèces invasives (http://www.strategie.gouv.fr/content/rapport-les-aides-publiques-dommageables-la-biodiversitéles-ressources).
  • l’épargne et des actifs boursiers, dispositifs incitatifs sur des critères non-financiers pour les investisseurs dans le financement de projets à faible empreinte carbone ou en direction des entreprises ayant une meilleure performance environnementale. Des architectures éco-financières centrées sur la transition ont été imaginées et alimentent concepts et solutions pratiques depuis quelques années (NEF, 2009).

3.5 D’autres secteurs en bref

L’agriculture (doublement verte, « agro-ruralisée », « écologiquement intensive », « à haute qualité environnementale ») doit conjuguer performances économiques, sociales et environnementales tout en assurant une sécurité et une démocratie alimentaire crédiblement durables. Dans le domaine de la santé publique se posent des questions sur l’hôpital-entreprise, la prévention, l’éducation et l’égalité d’accès aux soins pour tous. L’éducation et la culture ont été la toile de fond de cette analyse et engagent des valeurs et des identités, la conscience collective et les changements de mentalités, avec des chartes (Belgrade, 1975) et traités (Tbilisi en 1977) oubliés.
L’impératif est de donner tout son sens à une éducation environnementale qui se cherche encore (Boyes et Stanisstreet, 2012 ; Rickinson, 2001).

Last but not least, la transition énergétique qui occupe tous les esprits (Schmid, 2013) peut se résumer au dilemme suivant : "Energy is the one and only real limiting factor in the long run, because given enough energy there will always be enough natural non-energy resources extractable from the crust of the Earth" (Neumayer, 2000).
En théorie, forcément.

Extrait de « Pour une démocratie socio-environnementale : cadre pour une plate-forme participative « transition écologique »
Les auteurs : Clappe et al, 2014
In : Penser une démocratie alimentaire / Thinking a food democracy, vol2, Collart Dutilleul F, Bréger T (Eds.), Inida SA, San José, pp 87-112

Article publié ou modifié le

15 septembre 2014