Transition 10 - Conclusion - Une transition « toutes ressources »-centrée

Ce dixième épisode clôt le cycle "sur la transition sociétale et écologique" ; synthèse réalisée par les étudiants de Master1 en biologie de l’ENS à l’automne 2013 et initialement publié dans l’ouvrage "Penser une démocratie alimentaire / Thinking a food democracy" dirigé par François Collart-Dutilleul et Thomas Breger

4. Conclusion – une transition « toutes ressources »-centrée

Quels sont les changements majeurs à envisager afin de pouvoir assurer un cadre politique environnemental et sociétal cohérent permettant d’amorcer les transitions, transformations ou conversions analysées dans ce travail ?
Soixante propositions rassemblées par « Alternatives Economiques » (Et si on changeait tout, 2011) constituent une première base de réflexion et ont le mérite de pouvoir s’inscrire dans divers contextes socio-politiques, en suivant des priorités identifiées et des calendriers adaptés.
Nous avons voulu compléter ce tableau.
Les grands défis identifiés ici comprennent la réduction des inégalités sociales et écologiques, la ré-allocation et l’accès aux ressources, la transparence de l’information et des données, la démographie, la réappropriation du local et du collectif, l’éducation par et pour l’esprit critique, civique et écologique.

Les caractéristiques constitutives des écosystèmes éclairent les limites des activités humaines, en particulier lorsque les théories économiques dominantes, encore inspirées par des analogies mécanicistes (systèmes clos, processus réversibles, pas de temps courts, accumulation infinie de capital), tentent de les ignorer.

A cela, René Passet (et depuis une vingtaine d’année, l’économie écologique) oppose la « bioéconomie » ou ses variantes, parfaitement insérée dans la biosphère, dans le sens où "les organisations économiques doivent en respecter les lois et les mécanismes régulateurs, en particulier les rythmes de reconstitution des ressources renouvelables".

Dans cet esprit, nous avons favorisé ici les approches visant l’interdépendance entre les systèmes économiques, politiques et sociaux, ainsi que le contexte spécifique environnemental, culturel et éthique. La problématique des ressources est apparue comme un élément transversal particulièrement unificateur et qu’il faut sans doute repenser en termes de Bien public : un redoutable défi.

La question qui divise aujourd’hui est la suivante : à terme, les sociétés sont-elles « condamnées » à vivre sur une base de ressources exclusivement renouvelables ? Ce nouveau défi est énorme et soulève des interrogations sur la capacité des options exclusives en termes d’énergies renouvelables à offrir un autre choix que la sobriété volontaire comme mode de vie (Aries, 2011).

Cette synthèse sur les processus de transition remet donc en question l’accès inégal aux moyens d’existence et une certaine idée de la liberté de choix consumériste, en échange d’une promesse de qualité de vie à imaginer (ou à découvrir) et de « vivabilité » pour tous.

La co-construction de la transition, dans le sens de volonté politique et consensus social, apparaît comme la seule démarche et la seule pédagogie de l’acceptation sociale du changement. La plate-forme participative proposée ici a été imaginée dans ce but précis : élaborer dans des territoires-test, avec des acteurs locaux et en temps réel, les trajectoires de leur transition.

Extrait de « Pour une démocratie socio-environnementale : cadre pour une plate-forme participative « transition écologique »
Les auteurs : Clappe et al, 2014
In : Penser une démocratie alimentaire / Thinking a food democracy, vol2, Collart Dutilleul F, Bréger T (Eds.), Inida SA, San José, pp 87-112

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Cet ouvrage collectif réalisé dans le cadre du Programme Lascaux dirigé par François Collart-Dutilleul est maintenant consultable en open-access

Article publié ou modifié le

15 septembre 2014