Revue Alternatives Internationales no. 11, juillet 2012

Les guerres des matières premières

AI et les experts de CyclOpe (annuel de matières premières) ont réalisé un numéro spécial sur les ressources planétaires.
Quelques extraits pour vous inciter à lire attentivement l’ouvrage.

Antoine de Ravignac, le coordinateur du numéro, montre « à quel point ce qui est en définitive à la base de notre vie de tous les jours – les matières premières – reste aujourd’hui » marqué par l’âge de l’abondance, celui du XX siècle et sa « consommation de masse, la disponibilité de l’énergie et des produits agricoles bon marché ». Depuis 10 ans, les prix des matières premières flambent et semblent devoir rester durablement élevés.
Trois éléments à retenir :
1. » La tension croissante entre d’une part un mode fini, dont bien des ressources, comme les terres arables, sont souvent au bord de l’épuisement, et d’autre part une consommation qui continue de croître indéfiniment ».
2. « Au niveau actuel des prix, les progrès technologiques rendent économiquement exploitables des réserves de combustibles fossiles non conventionnels dont le niveau est proprement ahurissant ».
3. « Pour voir chuter les émissions de gaz à effet de serre, impossible d’attendre de la contrainte physique qu’elle se substitue à l’absence (d’initiative et d’action) politique ».

Dans ce sens, Patrice Geoffron insiste sur le fait qu’après la double crise des dettes privées et publiques « les chances d’engager l’indispensable transition vers une économie à bas carbonne » deviennent très faibles, en donnant trois raisons :
 l’évolution confirmée du nationalisme (protectionnisme) en matière de gestion des matières premières ;
 les montants colossaux destinés à la subvention des prix des carburants conventionnels, considérés comme déterminants et « socle de la paix sociale ».
 « les marchés des énergies renouvelables (qui) deviennent des terrains d’affrontement internationaux, bientôt aussi géopolitiques que pour les hydrocarbures ».

Aline Robert décrypte la situation aux Etats Unis : « pétrole, gaz de chiste, éthanol abondent tellement (…) que la première puissance mondiale accroît son taux d’indépendance énergétique. (…) Le pays aurait de quoi couvrir ses besoins énergétiques pendant plus de cent ans, rien qu’avec le gaz naturel. (…) Au prix fort pour l’environnement ».

Côté agrocarburants, Gabriel Hassan analyse la situation en concluant qu’ »après 10 ans d’investissements et de subventions massifs, leurs dégats écologiques et sociaux apparaissent plus clairement que leurs vertus ». L’auteur pointe les agrodiesels en particulier et le rush vers l’expansion des terres dédiées aux agrocarburants (forêts, prairies, tourbières). En attendant, « aucune exploitation à grande échelle des agrocarburants de nouvelle génération n’est imaginable avant deux décennies ».

Au chapitre de l’alimentation, Benoit Daviron se concentre sur les ingrédients du cocktail explosif d’une insécurité alimentaire généralisée. Deux ont fait l’objet des discussions du G20 de 2011 : la volatilité des prix sur les marchés agricoles (avec une forte augmentation des capitaux investis sur les marchés à terme de produits agricoles) et les restrictions aux exportations agricoles par certains pays avec une réduction importante des volumes mis sur le marché mondial. Sans oublier la faiblesse des politiques (et des investissements) publics dans l’agriculture, l’ampleur des gaspillages et la nécessité d’un rééquilibrage des règles du commerce mondial, ainsi que l’amélioration de la coopération internationale dans ce domaine.

Et beaucoup d’autres sujets encore.
Il est possible sous certaines conditions d’accéder à ce numéro Hors-Serie en ligne sur le site de la revue Alternatives Economiques

Article publié ou modifié le

18 juillet 2012