Le système Michel Serres et grand débat

Nous dépendons de ce qui dépend de nous (Michel Serres), engage à imaginer un partenariat, une symbiose avec la Terre. La symbiose se traduit par une santé partagée. La santé est une idée-outil puissante car elle exprime un triple sens : une métaphore, un système de valeurs et un diagnostic. La construction intellectuelle proposée articule un récit, une philosophie de l’action, une méthode, des idées simples et des actions. L’ensemble constitue un projet politique concret et fédérateur.

Le système Michel Serres pour faire société - Contrat Naturel et santé commune

Comment faire société dorénavant ? Comment rendre les transformations à venir socialement justes et écologiquement responsables ? Comment appréhender la portée de nombreuses initiatives et propositions (par ex. les 66 propositions Hulot-Berger, le grand débat national ou le puzzle des Objectifs de Développement Durable) ? Il y a d‘abord besoin de les inscrire dans une utopie de reconstruction.
A partir de l’épure de Contrat Naturel argumentée par Michel Serres, l’ Association pour le Contrat Naturel propose un triptyque constitué d’un récit, d’une philosophie de l’action et d’une méthode. Le système est censé inspirer l’adhésion sociétale nécessaire à la généralisation du processus de transformation.

En quoi cette approche se distingue-t-elle d’autres initiatives ? En partant de questions et idées simples, nous mettons en oeuvre un système de pensée et d’action centré santé-ressources et dans lequel chacun peut se reconnaître et reconnaître le besoin de changement. Première idée simple : mettre la question de l’ensemble des ressources, humaines y comprises, au coeur de tous les agendas.
Ce changement – souhaitable, radical et pacifique, repose sur une exigence de justice sociale et de responsabilité écologique. Il appelle, deuxième idée simple, une redistribution équitable des ressources permettant de satisfaire aux besoins vitaux de chacun tout en préservant la nature, notre cadre de vie et de bien-être. Pour ce faire, troisième idée simple, notre réflexion et action se construisent localement par la rencontre fertile entre les savoirs et savoir-faire des territoires de vie et les connaissances partagées d’une recherche publique présente dans la société.

Ci-après, nous présentons le système Michel Serres. En argumentant pourquoi le récit, la philosophie d’action et la méthode sont indissociablement requis pour refaire société. Cette transformation suppose de profonds changements dans les institutions, les pratiques, les technologies, les politiques, les modes de vie et de pensée dominants.

Le récit

Le Contrat Naturel est le cadre de pensée d’une nouvelle coexistence avec la Terre et les vivants : Nous dépendons de ce qui dépend de nous, dit Michel Serres. Ce récit change notre compréhension des rapports au Monde et engage à imaginer un partenariat, une symbiose avec la Terre. Au lieu et place de la prédation, du parasitisme. Quatrième idée simple, cette symbiose définit une nouvelle conception et pratique de la santé, le social et les milieux de vie étant intimement liés.

Une philosophie de l’action - la démarche santé commune

Le Contrat Naturel se traduit dans la vie de tous les jours par la santé commune : une santé partagée, dans la mesure où la santé des personnes n’a de sens que lorsqu’elle s’inscrit dans une nature saine et dans une société saine et solidaire. Il n’y a pas de séparation entre l’humanité et la nature. La santé, cinquième idée simple, est donc une valeur universelle et une condition préalable d’un pacte social, écologique et solidaire.

L’enquête sur les thèmes non-abordés lors du grand débat national fait ressortir l’éducation et la santé en priorité. Or, les inégalités en matière de santé publique sont d’abord d’ordre politique. C’est pourquoi notre démarche :

  • englobe l’ensemble des questions socio-environnementales et en cela concerne toutes les catégories sociales et toutes les institutions publiques ;
  • mobilise l’ensemble des instruments politiques et juridiques pour redéfinir les priorités sociétales et les politiques publiques d’attribution des moyens à y consacrer. L’alimentation (la santé publique), l’agriculture (la santé sociale) et la nature (la santé écologique) deviennent la priorité des priorités. En ce sens, les problématiques climat, énergie, biodiversité etc. manquent de récit et leurs méthodes doivent être repensées, car tous ces défis soulèvent d’abord des questions de développement, de société ;
  • permet de se projeter sur le long terme, avec le souci de l’adéquation entre les besoins vitaux de tous et la capacité de renouvellement de la nature. Maintenant et pour les générations futures ;
  • permet à une multitude d’initiatives alternatives opérant à différentes échelles territoriales d’épouser ce cadre.

L’ensemble ci-dessus met en lumière, sixième idée simple, l’impératif d’une gestion responsable des communs sans dégradation nette des milieux de vie.

Les ressources, l’enjeu premier des fins de mois et de la fin d’un certain monde

Les ressources, septième idée simple, une préoccupation et contrainte journalière de chaque personne, sont la matrice des systèmes de pouvoir politique et économique. Elles ont été à l’origine des hauts et des bas de l’histoire du monde. Ces dernières sont gérées de manière non durable à tous les niveaux. Une gestion responsable des ressources (physiques, humaines, numériques, institutionnelles, financières etc.) constitue la manifestation la plus directe de la santé commune sur le double plan, social et écologique. En effet, huitième idée simple, les biens et services de la nature sont le fondement ultime de la vie et de la santé.

Pour s’attaquer à ces problèmes, des politiques publiques au service de l’intérêt général doivent mobiliser les droits et les devoirs des personnes et des collectivités afin d’assurer une ré-allocation socialement juste des ressources dans un esprit de responsabilité environnementale. Pour faciliter leur mise en œuvre, l’acceptation sociétale passe par la case santé commune. Et réciproquement.

Contrat Naturel - santé commune : méthode pour cadrer l’intérêt général et le grand débat

Notre démarche se construit sur une alliance entre sciences (de la nature, droit et politique, numérique) et expérimentations et savoirs de terrain. C’est donc une démarche, neuvième idée simple, qui ne dissocie rien pour passer du concept à la pratique de la santé commune. Car la santé c’est un tout. A cette fin, nous offrons :

  • un cadre conceptuel simple, non-prescriptif, mais contraignant. Il a été conçu pour laisser une grande latitude et liberté de réalisation sur le terrain ;
  • un environnement et un savoir-faire d’accompagnement (avec charte et outils de diagnostic assortis de protocoles et labels) ;
  • aux entreprises, assurances ou investisseurs, la possibilité de mieux connaître et comprendre les enjeux et les environnements socio-écologiques dans lesquels ils opèrent, et d’intégrer la démarche dans leurs actions.
Agir pour et par le Contrat Naturel

Ainsi, en associant droits et devoirs individuels et collectifs, le contrat naturel - santé commune vise pour commencer, dixième idée simple, à mettre en œuvre le socle universel de protection sociale - avec engagement immédiat pour la condition paysanne. Cela nourrit l’acceptabilité des nouvelles exigences et valeurs qui fondent le nouveau pacte social, écologique et solidaire. Cela suppose de faire bouger des lignes à toutes les échelles d’organisation sociale, avec une attention particulière accordée aux aspects de droit. Pour ce faire, nous avons choisi d’agir d’abord aux échelles locales pour :

  • mettre en synergie les initiatives et expérimentations alternatives en cours ;
  • accompagner des initiatives, expériences, projets menés au niveau de communautés caractérisant un bassin de vie : commune, ville, intercommunalité, métropole, département, province, région ;
  • offrir un modèle éducatif fondé sur une relation pacifiée avec la Terre et entre les humains.

La coordination de l’ Association pour le Contrat Naturel , soutenue par Michel Serres : François Collart Dutilleul, Patrick Degeorges, Gérard Escher, Stephane Grumbach, Olivier Hamant, Ioan Negrutiu, Fabrice Riem

Informations sur nos travaux et initiatives, pour contact et adhésion :
http://institutmichelserres.ens-lyon.fr/spip.php?article598
http://institutmichelserres.ens-lyon.fr/spip.php?article593
http://institutmichelserres.ens-lyon.fr/spip.php?article599

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Notes

Les idées simples  :

  • Mettre la question de l’ensemble des ressources, humaines y comprises, au coeur de tous les agendas.
  • Les ressources, une préoccupation et contrainte journalière de chaque personne, sont la matrice des systèmes de pouvoir politique et économique.
  • Redistribution équitable des ressources permettant de satisfaire aux besoins vitaux de chacun tout en préservant la nature.
  • Réflexion et action se construisent localement par la rencontre fertile entre les savoirs et savoir-faire des territoires de vie et les connaissances partagées d’une recherche publique présente dans la société.
  • La symbiose définit une nouvelle conception et pratique de la santé, le social et les milieux de vie étant intimement liés.
  • La santé est une valeur universelle et une condition préalable d’un pacte social, écologique et solidaire.
  • Gestion responsable des communs sans dégradation nette des milieux naturels.
  • Les biens et services de la nature sont le fondement ultime de la vie et de la santé.
  • Une démarche qui ne dissocie rien pour passer du concept à la pratique de la santé commune.
  • Mettre en oeuvre le socle universel de protection sociale, avec engagement immédiat pour la condition paysanne.

Les projets premiers du contrat naturel-santé commune (exemples)

  • Socle universel de protection sociale – enjeux juridiques et diplomatiques
  • Contrat Naturel – santé commune, la Biovallée territoire-école
  • Contrat Naturel - santé commune, modéliser le système Michel Serres
  • Les jeunes - projets libres (démocratie alimentaire, service national universel, les abeilles, ...)
  • La santé commune – outils diagnostics et protocoles pour les milieux naturels / conférence 2020
  • La santé commune - l’axe Lyon-Genève
  • La santé commune – alimentation et système immunitaire, approche transversale
  • Loi-modèle pour une alimentation saine et une agriculture durable
  • Loi-modèle pour cadrer le dérèglement chimique (pour la simplification chimique)
  • L’Institut des questions simples (IQSi)
  • Une école de vie pour agir

Légende
Esquisse du système Michel Serres, SciencePo CHELS Lyon le 16 mai 2019. Le grand débat national manque d’une démarche avec un récit-vision + une philosophie de l’action + une méthode. Pour agir dans l’esprit du Contrat Naturel, les urgences listées en 1 à 3 ciblent - dans l’ordre - la santé sociale, la santé publique et la santé des milieux naturels.

Article publié ou modifié le

22 mai 2019