Mécénat

L’ESSENTIEL : Michel Serres Institute (for resources and public goods) (IMS)

Quel est le contexte, l’enjeu ?

En 1910, T. Roosevelt disait « The nation behaves well if it treats the natural resources as assets which must turn over to the next generation increased, and not impaired, in value ». (http://www.todayinsci.com/R/Roosevelt_Theodore/RooseveltTheodore-Quotations.htm)
En 1992, la question des ressources a été clairement posée lors du sommet de Rio pour la première fois à l’échelle planétaire, et avec une grande résonance. Vingt ans plus tard, devenue une question récurrente dans toutes les sphères d’activité et de décision, elle détermine en grande partie l’agenda politique, scientifique et économique des grandes nations.

Pourquoi la question se pose-t-elle maintenant/Urgence ?

R : Terme et problématique très ubiquiste, mais appréhendée diversement dans la société. Comment définit-on les ressources ?

M. Serres : Le terme de « ressource » peut se définir au moyen de plusieurs autres idées : l’idée de somme, l’idée d’intégrale, celle d’origine et celle de reste et peut-être aussi de récapitulation. Au fond, lorsque nous évoquons le terme de ressource, nous évoquons l’utilité et la rareté, mais aussi bien l’utilité et la rareté sont-elles imprévisibles. Et nous évoquons aussi la notion d’homogénéité et de diversité. Lorsque nous parlons d’homogénéité, il vaudrait mieux dire capital. Un capital réunit des éléments homogènes. Et lorsqu’il s’agit de diversité, mieux vaut parler de ressources qui varient en effet selon les besoins, les circonstances et le temps.

Lors du colloque IUF « Les ressources », ENS Lyon, 2011 : Ressources : jamais terme n’a été aussi présent dans le questionnement et dans les analyses portant sur le développement des sociétés contemporaines, que l’on traite d’économie, de politique locale, planétaire, ou de société civile. Ressources naturelles, humaines, économiques, institutionnelles ou cognitives : il n’est guère de limite à la diversité des champs investis par cette question. Les ressources s’inscrivent au cœur de conflits écologiques, géopolitique ou financiers (abondance vs. rareté, ressources renouvelables vs. limitées ; ressources marines ou polaires, etc.), elles se situent à l’épicentre d’activité économiques et d’enjeux politiques, ainsi qu’en témoignent les problématiques émergentes de « souveraineté alimentaire », de « sécurité énergétique » ou de « sécurité climatique ». Les ressources constituent désormais un souci et un horizon pour chaque société, un défi majeur donc pour le court comme pour le long terme.

Devant l’urgence « ressources », un regard croisé inter- et trans-disciplinaire s’impose.

En quoi consiste le projet ?

R : le synopsis ci-joint reprend ces aspects, tout en permettant de décrire l’ensemble du projet.

Origine et justification du projet
Quelle importance a-t-il pour le développement de l’institution ? en quoi contribue-t-il à son développement stratégique ?
R : – IMS est né lors du colloque IUF « Les ressources », soutenu par l’ENS et fédérant plusieurs partenaires de l’Université de Lyon. Il inscrit l’ENS dans un réseau national et international d’envergure. Par exemple, des conventions ont été signées ou des accords établis avec des universités et instituts en Europe (Oslo, Nottingham, Ghent, Lausanne-en cours) ou aux EU (Portland). Il est hébergé à l’IXXI et bénéficie de l’environnement IXXI.

En quoi renforce-t-il son image (cohérence avec ses valeurs et savoir-faire) ? Est-il interdisciplinaire ? Transversal ? Si oui, quels sont les thèmes concernés ?

R : – L’IMS positionne l’ENS sur une problématique stratégique (ressources naturelles, biens publics), qui fait appel à un ensemble de valeurs-clés : développement durable via une démarche environnementale pouvant faire appel à toutes les disciplines universitaires, responsabilité (sociale, environnementale des entreprises, mais pas seulement), solidarité-équité à travers la promotion d’un lien fort entre alimentation, santé, environnement, éducation, etc). C’est un projet fédérateur, alliant les sciences « dures » aux sciences humaines et sociales d’une manière organique. Plus spécifiquement, l’IMS est la rencontre entre les sciences naturelles, la socio-économie et le droit.

Quels sont les services, départements, personnes susceptibles d’être parties prenantes dans ce projet en interne ?

R : Sont déjà engagés les Départements de Biologie et de Sciences sociales (géographie, histoires), les services des Relations Internationales, la Communication et la Diffusion des savoirs, qui ont déjà beaucoup participé à nos côtés. Des étudiants et des thésards, des ATER ont participé à des activités ayant donné naissance à l’IMS (ex, l’organisation du colloque « Les ressources », des dossiers thématiques, des prix comme le prix Véolia 2009 (à Léo Mallat) ou EPE-Métro 2012 sur l’environnement, des collaborations avec des ONG, comme « GoodPlanetInfo » pour donner une légitimité académique à leurs site « environnement »).

Impact escompté / Résultats

En quoi ce nouvel institut pourra-t il être utile à l’environnement de l’institution et plus largement à la société ?

R : Les missions de l’IMS couvrent un ensemble d’activités permettant d’associer l’ENS à des partenaires très divers : société civile, collectivités territoriales, institutions, entreprises et d’autres.

Quelle est sa portée géographique ?

R : L’IMS oeuvre pour le développement des méthodes et des outils de monitoring et de gestion intégrée des ressources en faisant appe,l à travers son réseau de partenaires, à une douzaine de régions dans le monde. Liste des régions à négocier le 27 sept 2012 (v. plus bas).

A quels publics s’adresse le projet ? Qui sera concerné par ses résultats ?

Quels seraient les impacts concrets pour les bénéficiaires ?

R : de la théorie (concepts) à la pratique (outils, conseils, expertise), l’IMS s’intéresse à une palette large de livrables et de bénéficiaires.

En quoi consiste le projet ? (description détaillée en 10 à 20 lignes) Grandes étapes de réalisation (qui fait quoi ?)

R : 1. Lancement de l’IMS le 27 sept 2012, colloque scientifique avec comme invité d’honneur Michel Serres. Ensuite, conférences annuelles.
2. Production de projets de recherche niveau région, national et international (ANR, FP8, ERC, …) et bases de données.
3. Cycles d’enseignement niveau master, ED, formation continue (par ex., le Collège de Haute Etudes Développement Durable en Rhône-Alpes, CHEDD RA, en chantier avancé ; ou la chaire UNESCO de DD de Bordeaux, en négociation via l’IFE).
4. Site web IMS et communication grand public sur les ressources et les bien publics en phase avec l’actualité.
5. Conception d’outils de gestion de ressources.
6. Réseau de partenaires IMS pour inventer des nouvelles formes / structures de gouvernance (agences pour les ressources, par ex.).

Durée du projet et échéancier de réalisation (grandes lignes)

R : IMS est à vocation permanente, avec une importante progressivité temporelle.

Réseaux et partenaires actuels impliqués (ou concernés)

R : le synopsis de l’IMS liste les partenaires-fondateurs.

Illustration par des exemples concrets (pour expliquer à des personnes qui ne sont pas très sensibilisées au problème)

R : Les questions « ressources « concernent à la fois chaque individu et les diverses collectivités humaines. Des financiers ont demandé à des hommes d’affaires dans quoi ils comptaient investir leur argent : dans les ressources ou dans le changement climatique ? A 80%, la réponse a été les ressources. Sont en cause : (1) la notion de production durable ; (2) la gestion et (3) l’accès aux ressources.

Les ressources sont la cause principale de conflits en tout genre, entre individus, entre régions, entre pays, etc., depuis la nuit des temps. Avec leur raréfaction, la situation est plus compliquée que jamais et des hypothèses des plus pessimistes sont envisageables. Dans la même veine, la surexploitation d’un ensemble de ressources est, sans doute, la cause principale des problèmes majeurs identifiés, comme le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, la crise énergétique etc. On peut aussi expliquer que la pauvreté est un problème d’accès aux ressources, mais aussi un manque de responsabilité par rapport à des biens publics (allant des ressources matérielles, mais aussi immatérielles – savoirs-éducation, santé, crédits…).

Les évolutions démographiques, l’inégal accès à et la raréfaction des ressources nous obligent à revoir notre perception des ressources primaires et des besoins vitaux. C’est pourquoi, l’IMS concentre ses activités sur les ressources naturelles utilisées en agriculture, à la situation des paysanneries (une ressource humaine massive dans le monde, mais la plus fragile), aux problèmes liés à la gestion des sols (des écosystèmes très complexes et plus dégradés que jamais), aux capacités des systèmes biologiques à produire et à se reproduire (la bioproductivité) et de se diversifier (la biodiversité) : les deux composantes déterminent ce que l’on appelé la « biocapacité ». Elle est en chute libre dans les écosystèmes et elle plafonne dans les agro-systèmes.

En France et en Europe, il n’y a pas de stratégie intégrée concernant le suivi et la quantification (monitoring), la gestion etc. des ressources dans un ensemble cohérent. On manque également de capacité suffisante d’anticipation. L’IMS se donne comme mission de pallier cela en développant des outils, des méthodes, ou des procédures de monitoring /de diagnostique et de gestion intégrées.

Positionnement marketing

Quels sont les projets proposés par d’autres institutions (et lesquelles) qui ressemblent à cette initiative IMS ?

R : Il existe des instituts portant des noms comme WRI (World Resources Institute - les activités ont évolué vers le changement climatique, la biodiversité), le NRI (Natural Resources Institute) travaillent sur l’agronomie sens plus strict, ou RRI (Resource Renewal Institute), orienté essentiellement environnement, Green Plans.

L’IMS est assez original, car il fédère des instituts, des programmes très complémentaires (économie du capital naturel pour l’ISS Portland et LAMETA à Montpellier, écologie-évolution pour CEES Oslo, bio-productivité pour Ghent et Lyon, droit alimentation-terre-ressources pour « Lascaux » à Nantes, dialogue interculturel pour Wisconsin University etc.)

Côté formation, l’IMS participe aux principales activités de l’ENS en développement durable, ce qui lui donne la capacité d’avoir un contact permanent avec les acteurs et les experts dans ce vaste domaine.

Comment se situe ce projet par rapport à ces « concurrents » : qu’est-ce qui fait son niveau d’urgence, sa particularité, sa nécessité, sa différenciation par rapport à d’autres initiatives semblables ?

R : L’urgence est dans la mise en œuvre des missions de l’IMS dans un contexte de crise et de sur-exploitation globale et effrénée des ressources, mais aussi dans la situation des inéquités liées à l’accès à des ressources vitales, en France comme ailleurs.

Qu’est ce que l’institution peut apporter de spécifique en mettant en œuvre ce projet (c’est à dire plus que d’autres ou différemment d’autres) ?

R : ENS se positionne comme leader national-international sur la problématique des ressources / biens publics, traité comme un ensemble cohérent (globalité, inter-connectivité) et contraignant (rareté, sur-exploitation, crises et ruptures).

Financement du projet Pourquoi ce projet pourrait-il relever du mécénat ?

R : Parce que pourront se reconnaître et se croiser dans l’IMS les intérêts convergents des différentes formes / sources de mécénat : individus, entreprises, fondations variées, à la recherche de projets ciblés sur le court, le moyen ou le long-terme.

Quelle part pourrait être financée par les financements traditionnels ?

R : L’IMS est par définition inter- et trans-disciplinaire. Les sources traditionnelle ont tendance à financer des projets /objets restreints thématiquement (l’eau, l’éducation …). Le mécénat que nous cherchons viserait également la transversalité, la recherche d’une vision, d’une stratégie de changement, des alternatives. Ceci est le plus urgent. Nous pouvons proposer une liste évolutive des projets et de mots-clés.

Modalités de partenariats envisageables

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De quoi avez-vous besoin pour mettre en œuvre ce projet (compétences, don en nature, équipements, … ?)

R : financement (fonctionnement, logiciels, personnel administratif ou technique, dons en nature (des locaux pour le siège, why not ?), expertise indépendante.

Que pourriez-vous proposer comme « contrepartie » pour vos mécènes ?

R : Formation, conseil, expertise, y compris juridique sur les ressources. Participation des mécènes aux activités et aux événements IMS (colloque annuel, formation continue …). Production d’outils, programmes de gestion, process de bonnes pratiques. Médiation et négociation.

Réseau économique

Pensez-vous à des entreprises qui pourraient s’intéresser à ce projet ? Parmi elles, quelles sont celles qui sont déjà en lien avec l’ENS de Lyon, et quelle est la nature de ce lien ?

R : toutes entreprises, banques… concernées par l’environnement et/ou les ressources naturelles, humaines et connaissances comprises.

Avez-vous personnellement des contacts qui vous semblent à intégrer dans cette démarche ?

R : Véolia

Savez-vous qui finance des projets « semblables » ?

R : Jeremy Grantham Foundation, USA.

Difficultés

Quelles sont les contraintes ou obstacles à franchir ?

R : identification / reconnaissance / communication du projet à différents groupes d’intérêt ou de partenaires par rapport à des objets / concepts déjà bien installés dans les agendas politiques ou de la société (environnement, climat, biodiversité …). Or, les ressources constituent le dénominateur commun dans la plupart de ces objets / concepts.

Qu’est-ce qui pourrait faire que ce projet ne se fasse pas ?

R : Aucune difficulté, l’IMS a des missions claires, reste juste à travailler avec intelligence.

Atouts

Quels sont les points forts de l’équipe qui porte le projet ?

R : L’IMS rassemble des partenaires français et étrangers de premier plan. Il est sur une niche stratégique, dont l’importance et l’urgence ne feront qu’augmenter jour après jour. De plus, la complexité de la problématique ressources, lorsqu’il faut la traiter dans son ensemble, n’est à la porté d’aucune autre composante / structure (économique, politique, société civile…) que l’université (toutes les disciplines sont présentes), car elle possède le savoir et le savoir-faire des choses (la recherche) à la fois, pouvant les recouper à tout moment. C’est l’endroit idéal pour que l’on puisse donner du sens à l’urgence écologique, climatique etc.

Plus précisément, les ressources naturelles étant l’un des plus grands enjeux de société du XXIe, l’IMS porte cette problématique et fédèrent des acteurs très variés dans un réseau d’inter- et trans-disciplinarité.

A) Académiques (le premier cercle, la liste reste ouverte aux autres disciplines)

1- Biologistes et agronomes
a) pour développer et mesurer la bio-capacité, la bio-productivité et la biodiversité ;
b) pour définir les normes et process d’une économie durable qui n’attente pas à la bio-capacité.
2- Géographes, économistes et historiens : pour tracer les grandes tendances et utiliser les procédés modernes de mesure et de suivi (télédétection, SIG...)
3- Juristes et sociologues : pour évaluer les perceptions et les modalités d’accès, tant des individus que des collectivités, à la production et l’utilisation de ces ressources.

B) Société civile

1- Les agriculteurs : qui ont tout à gagner d’une reconnaissance sociétale de leur travail, de leurs procédures, de leurs labels.
2-Les entrepreneurs et représentants des collectivités : pour contribuer à mettre en place une politique des ressources naturelles à la fois durable et équitable.
3- Les politiques des instances locales et nationales : pour mieux saisir et intégrer les outils et indicateurs de pilotage qui leur seront progressivement fournis dans les années à venir.

Le colloque de septembre 2012 :

(1) Le réseau académique international mis en place en constitue le coeur initial.
(2) Les représentants des autres catégories d’acteurs sont invités et associés d’emblée au colloque.

En quoi l’ENS de Lyon est-elle légitime pour mener à bien un tel projet ?

R : L’ENS est une structure assez souple, laissant à ses enseignants-chercheurs la possibilité de s’investir dans des projets innovants, à contre-courant. Ceci est vrai pour la recherche et pour l’enseignement. On peut espérer que le mécénat va permettre d’augmenter cette souplesse.

v. Liste de projets ciblés proposés au financement par l’Institut M Serres

Article publié ou modifié le

4 juillet 2012