Pour la presse
L’histoire de nos sociétés est, en même temps et à plusieurs titres, celle des ressources, celle des rapports de forces entre les hommes, entres les hommes et la nature.
La technologie a transformé la construction socio-historique des ressources et rendu ambigu ce rapport de force, d’où
- démesure
- extractivisme
- destruction ou altération d’une (trop) grande partie de la biosphère.
(cf article de Barnosky et al, 2012 Approaching a state shift in Earth’s biosphere, Nature 486, 52-58 et répercuté dans Le Monde, Libération).
La dernière frontière s’appelle « Arctique ». Ou « Amazonie ». Au choix.
Rien n’est donc plus illustratif de nos forçages que la problématique des ressources naturelles, humaines comprises. Et pourtant, les agendas se penchent sur le changement climatique, la biodiversité, tel type d’énergie, des catégories beaucoup plus difficiles à cerner lorsque l’on veut problématiser et conceptualiser le développement durable, la transition écologique, l’économie verte... Rio+20 en est la démonstration palpable.
Notre analyse : la case « ressources », dans le sens d’une démarche intégrée, est le chaînon manquant de nos préoccupations actuelles. Elle est incontournable, compréhensible, abordable par des savoirs existants et permettant de mettre en place une boite à outils capable de répondre aux problèmes soulevées plus haut, en terme de dette écologique, crise socio-écologique et intergénérationnelle. Et pose la question des ressources en termes de Biens Publics.
La science a construit des outils inouïs pour analyser, décrire, comprendre la situation à toutes les échelles d’organisation du vivant et de nos sociétés. En temps réel bientôt.
C’est l’objet croisé du colloque inaugural de l’Institut Michel Serres, ses missions aussi. Deux clefs d’entrée sont proposées : l’interdisciplinarité « profonde » et l’échelle régionale.
L’Institut va donc œuvrer pour que la société s’approprie la problématique des ressources, considérée comme un tout et allant du local au global. Ceci par une approche intellectuelle, méthodologique et politique, intégrant recherche, formation et diffusion dans la société.
L’interdisciplinarité façon M Serres (cf. Temps des crises, 2009) et « made in ENS ».
Dans l’approche « ressources », toutes les disciplines sont concernées. Et tous les acteurs de la société aussi.
Cette approche, nous l’avons construite sous le regard et avec l’aide de Michel Serres, philosophe engagé dans le renouvellement de la pensée, dans la modification des comportements, la capacité de revigorer les débats publics, avec des signes clairs pour le monde politique. Cette approche s’appuie dans l’Institut sur un premier cercle de disciplines venant en appui à la philosophie (et vice-versa) :
- les sciences naturelles, sens large
- les sciences juridiques
- les sciences économiques / finances
- les systèmes complexes (l’Institut des systèmes complexes, IXXI, qui héberge l’IMS).
Concernant la dimension régionale, l’Institut Michel Serres propose :
- un nouveau « contrat » entre l’université (via son interdisciplinarité), les décideurs et la société rhône-alpines ;
- l’accélération de la mise en valeur des spécificités et « raisons » régionales du développement ;
- de développer des boites à outils pour les acteurs régionaux et la société, avec comme objectifs de sortir de la dette écologique et de veiller aux bonnes pratiques des décideurs.
Les scientifiques et leurs recherches ont produit et continuent à produire des outils très performants et des données d’une grande portée sur les problèmes actuels liés à la biosphère, aux énergies, aux situations socio-écosystémiques dans le monde.
Par contre, les informations et l’expertise accumulées restent peu ou pas structurées, et par conséquence, peu ou mal comprises par la société et par les décideurs, tout particulièrement. Tandis que des programmes, des organisations / institutions ou des banques de données dédiés à ces questions abondent, les moyens politiques et financiers correspondants restent inefficaces pour pouvoir amorcer et réaliser rapidement l’incontournable "transition écologique".
Nous proposons ici une démarche intégrale et intégrée de la problématique des ressources et des biens publics en la considérant comme un cadre et une boite à outils adaptés pour traiter les problèmes courants, comme la pauvreté, le réchauffement, le dilemme énergétique, l’érosion de la biodiversité. Nous arguons que l’approche par les ressources et les biens publics est la plus pertinente dans l’état actuel des débats et de controverses dans nos sociétés : à la fois conceptuellement et opérationnellement, mais également au niveau des individus et des groupes humains.
Pour répondre à ces défis et dans le contexte du sommet de Rio+20, l’Institut Michel Serres "pour les ressources et les biens publics" vient d’être fondé et sera inauguré les 27-28 septembre 2012 à l’ENS de Lyon.
28 juin 2012