Sortons l’agriculture du salon, premier bilan
Plus de 3000 personnes étaient présentes au Carreau du Temple à Paris pour la journée "Sortons l’agriculture du salon" le 25 février 2017, jour de l’inauguration du Salon de l’agriculture à la Porte de Versailles.
Avec 3 tables-rondes, trois ateliers, des films citoyens, des stands de producteurs, de nombreux débats et discussions, des « graines de révolte » (Virginie Félix dans le Télérama du 25 février) ont été semées.
Cette révolte s’appelle l’exception agricole :
« Il s’agit de penser l’exception agricole comme l’expression de l’intérêt général, répondant à une exigence de santé publique et globale, celle des citoyens, de la société et des écosystèmes » plaide le texte initié par le collectif à l’origine de cette action parrainée par Michel Serres. La plateforme Alimentation Générale résume la journée dans "6 minutes pour en comprendre les enjeux"
Notre partenaire François Collart-Dutilleul, professeur émérite de droit et responsable scientifique du programme de recherche Lascaux sur la sécurité alimentaire, explique pourquoi il est indispensable de considérer le produit agricole comme un bien culturel. Il a été interviewé sur RFI à cette occasion.
A son tour, Olivier De Schutter, ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation, a souligné que cette journée « vient conforter l’idée d’un mouvement, en train de naître dans différents pays d’Europe, pour une agriculture et une alimentation différente. Il faut en effet reconnaître les services que l’agriculture rend aux territoires. ». Il propose un grand rendez-vous pour réunir tous les mouvements alternatifs à Bruxelles en mai 2018.
Michel Serres, en traçant la route à suivre, disait avec force :
« Si nous considérions vraiment que l’acte de manger est un acte social, politique et sacré, nous serions scandalisés que les produits agricoles, les produits de la nourriture soient le fait de spéculations boursières dans les places financières du monde et par conséquent une usure concrète de ce nouveau monde, de préparer ce nouveau monde serait d’arriver à enlever les produits nourriciers, les produits agricoles de la spéculation boursière sur les places financières. Ce serait je crois une première approche, un premier pas vers le fait d’enlever l’agriculture de la logique du marché, de la logique de la concurrence, ainsi de suite. Enlever les produits nourriciers, les produits agricoles de la spéculation boursière sur les places financières.
Dans la logique des marchandises, tout est marchandise, tout est possiblement l’objet de spéculation sur les places financières et par conséquent si nous enlevons les produits agricoles de ces spéculations, alors il y aura vraiment le début de l’exception agricole. »
Lire le texte intégral de l’interview de Michel Serres réalisée pour l’évènement du 25 février
ci-dessus Oiliver de Schutter prend la parole
Ioan Negrutiu
En mémoire de Berta Cáceres
8 mars 2017