Jacques Lévy : Nature as capital, a social theory approach

Cours de juin 2016

Intervenant Jacques Lévy
Professeur de Géographie et d’Urbanisme à l’EPFL
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Une théorie sociale de la nature

Pour éviter les réductionnismes et entrer en dialogues entre les sciences de la matière et les sciences de la vie, les sciences sociales ont besoin d’une théorie de la nature, comme un ensemble d’environnements spécifiques partie prenante de la société. La nature peut être vu en tant que monde bio-physique pour autant qu’il fait sens et qu’il a une place dans le monde social. Le « naturel » ne doit pas être vu comme le contraire du « culturel » mais comme une dimension de la culture. On peut appeler « conscience écologique » le processus qui place les questions de nature dans le champ de réflexivité de l’humanité. Dans cet esprit, une première distinction mérite d’être faite entre source, ressource et capital naturel, ce dernier étant intégré dans un dispositif productif. L’expression « capital naturel » est bien préférable à celle de « service écosystémique », car ce dernier vocable suggère que le monde bio-physique serait un agent économique délivrant directement des « services ». Au contraire, l’idée de « capital naturel », qui inclut ce qu’on appelle classiquement les « matières premières » et les « sources d’énergie », et assume le caractère fondamentalement social du principe et des systèmes productifs. Cela étant, la relation entre nature et production n’est ni aisément ni complètement mesurable. Notamment parce que beaucoup de composantes du monde biophysique (comme l’eau) entrent dans de multiples sous-systèmes productifs distincts et que d’autres (comme la biodiversité) ne peuvent pas être lus comme des capitaux intégrables dans une filière productive. Ce choix est logique : une société ne se réduit pas à sa dimension économique et cela s’applique aussi à la nature.

Jacques Lévy

Article publié ou modifié le

16 février 2017