COP21- les étudiants mettent les ressources en scène
Bruno Latour donne une interview fort éclairante dans le Libé du 27 mai : Quand les guerres climatiques se retrouvent sur les planches .
Ses étudiants, avec des étudiants anglais, chinois, américains simulent la COP21 au théâtre Nanterre-Amandiers avec « Make it work, le théâtre des négociations », du 29 au 31 mai.
Les idées et les mots-clés peuvent en être résumés ainsi :
1. Le climat, les négociations.
« L’échec des COP successives depuis 25 ans est qu’on ne discute que des émissions de CO2, … des conséquences lointaines de causes, qui elles-mêmes ne sont pas discutées.
Le climat n’est plus le point d’entrée … ce n’est ni le CO2 ni le climat qui sont intéressants.
Il faut produire des visions du futur, pas seulement discuter de CO2.
Sortir d’un modèle de négociation qui semble épuisé.
Nous avons mis à la table des négociations les éléments naturels comme les océans, les sols, l’Amazone, les baleines, les lobbys des fossiles, … Les étudiants doivent inventer des formes de représentation ».
2. Les territoires, la géopolitique, les guerres.
« Jeter aux oubliettes le modèle des Nations Unis, … casser le rôle des Etats.
L’Etat fait semblant d’occuper un territoire et d’agir, mais en réalité il ne peut rien faire.
Représenter les territoires tels qu’ils sont, et non tels qu’ils ont été construits.
Une simulation… pour avoir enfin une carte géopolitique réaliste et pas seulement un ensemble de bonnes intentions…L’exercice, pour dessiner des cartes réalistes des conflits futurs … des guerres planétaires, mais pas globales, dont la forme, les composants, les ennemis sont différents du passé ».
On retrouve, enfin, les ingrédients historiques et pertinents pour des négociations : les ressources.
Les ressources, what else ?
Comme dans le dernier rapport au Club de Rome (en français Le grand pillage) et chez Michel Serres, avec ;
« les lieux du monde, le vent, les eaux, les roches, les paysages, tout ce qui dure ou se meut sur la planète sont au même titre acteurs. ...Que disent la brise, les fleuves turbulents, le grand hurlement des loups et le silence des microbes qui foisonnent ? » (à écouter sur editions-dialogues.fr)
« Notre planète devient un acteur essentiel de la scène politique. Qui, désormais, représentera le Monde, ce muet ? Et comment ? » (à propos de son ouvrage "le temps des Crises" en 2009 sur France-Culture).
D’objet, la nature monte sur les planches pour demander son droit de sujet. Raréfaction des ressources aidant, l’heure du contrat naturel approche, porté par la parole des étudiants.
Nous le disions déjà ici il y a quelques temps :
« What comes first : climate change or changing the climate of négociations ? ».
Ainsi, des étudiants travaillent actuellement sur d’autres dimensions de notre rapport à la Nature. A Lyon, Paris, Lausanne, Oslo.
Ils prennent tous rendez-vous avec la COP21 d’ici décembre. Restez à l’écoute.
Ioan Negrutiu, 31 mai 2015
3 juin 2015